• A qui profite réellement la crise boursière ??

    Crise financière :

    pourquoi les Bourses jouent-elles

    toujours au yo-yo

    Par Marc Vignaud

    Malgré les divers plans internationaux les Bourses européennes restent fragiles. AFP 

    Après une semaine boursière catastrophique pour les Bourses européennes, au cours de laquelle le CAC 40 a perdu plus de 22 % de sa valeur, les indices ont rebondi très fortement en début de semaine, boostés par les annonces du plan de soutien européen aux banques. Malgré une hausse historique lundi soir de 11,8 % puis une séance dans le vert mardi, les Bourses européennes n'ont toutefois pas tardé à replonger dans le rouge. Jeudi à la clôture, le CAC 40 lâche 5,82 %, Londres 5,35 %, Francfort 4,91 % et Milan 6,78 %.

    Pourquoi les plans "Paulson renforcé" et européen n'empêchent-ils pas la rechute boursière ?
    Annoncées mercredi après-midi, les nouvelles mesures de l'administration Bush de garantie des prêts interbancaires et de prise de participation dans les grandes banques américaines n'ont pas réussi à rétablir la confiance. Le jour même, la Bourse de New York a connu sa pire journée depuis 20 ans. Son indice vedette, le Dow Jones, s'est s'effondré de 7,87 % et le Nasdaq de 8,47 %, entraînant dans leur sillage les indices du monde entier. "Le marché demande plus d'injections", décrypte Taro Aso, Premier ministre japonais. Peut-être. Mais, c'est sans doute l'état de la conjoncture économique qui pèse le plus sur la confiance des investisseurs. La liquidité, elle, a recommencé à circuler sur le marché interbancaire : les banques se prêtent à nouveau entre elles, au moins au jour le jour. En revanche, la crise financière a eu tout le temps de se transmettre au reste de l'économie. Aux États-Unis, le mot récession est sur toutes les lèvres. Les deux moteurs de la croissance outre-Atlantique, l'immobilier et le crédit, se sont effondrés. La production industrielle a chuté de 2,8 % en septembre, soit son recul le plus fort depuis décembre 1974. C'est en fait l'ensemble de la croissance mondiale qui est menacée. Le FMI prévoit 3 % de croissance seulement en 2009 après 5,1 % en 2006, 5 % en 2007 et 3,9 % en 2008.

    Quid de la situation française ?
    "Pour le moment on nous fait des prévisions pour l'année 2009 qui sont de l'ordre de 0,2 %, ce qui est extrêmement faible. C'est une panne de croissance avec des conséquences sur l'emploi, des conséquences sur l'activité économique, sur le pouvoir d'achat", s'alarme François Fillon. Pour le locataire de Matignon, il existe deux scénarios possibles : "Si l'économie américaine redémarre vite, avec la vigueur du plan qu'on est en train de mettre en place en Europe, on a des chances de sortir rapidement de cette situation dans le courant de l'année 2009. Si l'économie américaine s'installait dans une récession, la situation serait très difficile." L'assurance-chômage prévoit une hausse de 46.000 du nombre de chômeurs cette année par rapport à 2007, sur la base d'une prévision de croissance de 1 %, alors qu'elle tablait encore sur une baisse de 80.000 en juin, selon une note publiée mardi par l'Unedic. S'il était encore besoin d'une confirmation de la morosité de la conjoncture, le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, estime lundi que l'on est réellement rentré dans la crise économique. Selon lui, les entreprises pourraient, après un gel des embauches, commencer rapidement à recourir aux licenciements économiques. De fait, les défaillances d'entreprises ont déjà augmenté de plus de 10 % au premier semestre 2008 selon l'assureur de crédit Euler Hermes SFAC. Et les perspectives pour la fin de l'année ne sont pas meilleures.

    Quelles sont les valeurs les plus touchées ?
    Dans ce contexte, ce sont presque toutes les valeurs cycliques, très influencées par les évolutions conjoncturelles, comme les entreprises pétrolières ou automobiles (Total, Renault ou encore Vallourec, fabriquant de tubes pour l'industrie, qui a perdu 38 % de sa valeur en un mois), qui payent le prix de la crise. Les valeurs financières sont moins protégées. Signe qui ne trompe pas, le prix du pétrole est passé de plus de 140 dollars en juillet à moins de 70 dollars actuellement. Et la baisse s'est fortement accélérée depuis le début octobre, le baril (light sweet crude) ayant perdu près de 30 dollars en deux semaines.

    Quelles sont les solutions envisageables ?
    Outre le sauvetage du système financier indispensable pour faire circuler le crédit dans l'économie afin de la faire fonctionner, certaines voix, notamment à gauche, s'élèvent pour réclamer un véritable plan de relance de l'économie. François Hollande propose l'ajout d'un volet économique pour compléter le plan de soutien aux banques (de 360 milliards d'euros) avec une relance de l'investissement public et un soutien au pouvoir d'achat des ménages. Pas facile, alors que la France essaie de respecter ses engagements européens du pacte de stabilité, qui fixe à 3 % le déficit budgétaire maximum autorisé. À Bruxelles, jeudi, au second jour de leur sommet, les 27 pays de l'UE soulignent leur "détermination à prendre les mesures nécessaires pour réagir au ralentissement de la demande et à la contraction de l'investissement". Mais "il n'y aura pas de programme de relance généralisé" de l'économie en Europe, malgré le risque de récession, a bien précisé le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à l'issue du sommet.

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