• Textes philosophiques

    Krishnamurti    conformisme, réforme et révolution


         Dès votre naissance, dès les premières impressions que vous recevez, votre père et votre mère ne cessent de vous dire ce qu'il faut faire et ne pas faire, ce qu'il faut croire et ne pas croire, on vous dit que Dieu existe, ou qu'il n'y a pas de Dieu, mais que l'État existe et qu'un certain dictateur en est le prophète. Dès l'enfance, on vous abreuve de ces notions, ce qui signifie que votre esprit, qui est très jeune, impressionnable, curieux, avide de connaissances et de découvertes, est petit à petit enfermé, conditionné, façonné de telle sorte que vous allez vous conformer aux schémas d'une société particulière, au lieu d'être un révolutionnaire. Et comme cette habitude d'une pensée formatée s'est déjà ancrée en vous, même si vous vous «révoltez» effectivement, c'est sans sortir du cadre des schémas établis. A l'image de ces prisonniers qui se révoltent pour être mieux nourris, avoir plus de confort - mais en étant toujours dans l'enceinte de la prison. Lorsque vous cherchez Dieu, ou que vous voulez découvrir ce qu'est un gouvernement équitable, vous restez toujours dans le cadre des schémas de la société qui dit : «Telle chose est vraie, telle autre est fausse, ceci est bien et cela est mal, voici le leader à suivre, et voilà les saints à prier.» Ainsi votre révolte, comme la prétendue révolution suscitée par des gens ambitieux ou très habiles, reste toujours limitée par le passé. Ce n'est pas cela, la révolte; ce n'est pas cela, la révolution : il s'agit là simplement d'une forme exacerbée d'action, d'un combat plus courageux que d'ordinaire - mais toujours dans le cadre des schémas établis.

         La vraie révolte, la vraie révolution consiste à rompre avec ces schémas et à explorer en dehors d'eux. Tous les réformateurs -- peu importe qui ils sont - ne s'intéressent qu'à l'amélioration des conditions dans l'enceinte de la prison. Jamais ils ne vous incitent au refus du conformisme, jamais ils ne vous disent : «Abattez les murs de la tradition et de l'autorité, franchissez-les, dépouillez-vous du conditionnement qui emprisonne l'esprit. » Or la véritable éducation consiste à ne pas simplement exiger de vous la réussite aux examens en vue desquels on vous a bourré le crâne, ou la retranscription de choses apprises par coeur, mais à vous aider à voir les murs de cette prison dans laquelle votre esprit est enfermé. La société nous influence tous, elle façonne notre pensée, et cette pression extérieure de la société se traduit peu à peu sur le plan intérieur; mais aussi profond qu'elle pénètre, elle agit toujours de l'extérieur, et l'intérieur n'existe pas pour vous tant que vous n'avez pas brisé l'emprise de ce conditionnement. Vous devez savoir ce que vous pensez, et savoir si c'est en tant qu'hindou, musulman ou chrétien que vous pensez - c'est-à-dire en fonction de la religion à laquelle vous vous trouvez appartenir. Vous devez être conscients de ce que vous croyez ou ne croyez pas. C'est de tout cela que sont faits les schémas de la société, et si vous n'en prenez pas conscience, vous en êtes prisonniers, même si vous croyez être libres. Mais dans la plupart des cas, nous ne nous préoccupons que d'une révolte circonscrite à l'enceinte de la prison ; nous voulons de meilleurs repas, un peu plus de lumière, une plus grande fenêtre pour voir un plus grand pan de ciel.

    Le Sens du Bonheur, Point Sagesse, p. 108-109.

    Indications de lecture:

    Leçon Sagesse et révolte.


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  • Dollar, pétrole, euro, récession... que nous réserve 2009 ?
    par Philippe Béchade
    Vendredi 02 Janvier 2009

    ** Avant toute chose, cher lecteur, permettez-moi de vous souhaiter une excellente année 2009 au nom de toute l'équipe de la Chronique Agora. J'espère que les mois qui viennent vous apporteront beaucoup de joies, la sérénité, la santé... et quelques plus-values aussi, pour en revenir à un sujet sur lequel nous avons un minimum de compétences.

    En tout cas, c'est avec un soupir de soulagement que les marchés ont terminé l'année 2008. Les 12 mois écoulés ont été les pires de l'histoire du CAC 40, avec une chute de plus de 42%... au minimum, comme on pouvait le lire sur le site Investir.fr ce mercredi : "pour prendre la pleine mesure des conséquences de la crise des subprime sur le marché, c'est à la mi-2007 qu'il faut remonter. Entre le 1er juin 2007, date d'un sommet à 6 168 points, et son plus bas annuel du 21 novembre dernier, à 2 881 points, le CAC 40 s'est effondré de 53%".

    Un CAC 40 diminué de moitié... une récession qui ne semble épargner personne, des Etats-Unis à la Chine en passant par la Zone euro, l'Islande et l'Australie... des tensions sociales qui s'exacerbent un peu partout (les événements en Grèce en sont le dernier exemple)... les investisseurs sont heureux de tourner la page sur 2008 -- sans toutefois être certains que 2009 ira dans le bon sens !

    Le CAC 40 commence bien l'année, en tout cas, avec une hausse de 1,5% depuis le début de la matinée à l'heure où j'écris ces lignes ; les banques et l'automobile, que 2008 a laissé brisées, ensanglantées et agonisantes, sont très recherchées. Un signe que le plancher a été atteint pour ces deux secteurs ?

    Le pétrole, de son côté, a repris sa descente -- offre en hausse, demande en baisse... le baril de brut léger US (contrat février) était à 42,40 $ ce matin. Côté "or jaune", on stagne et on hésite ; l'once était tout de même à plus de 860 $ sur la dernière séance de l'année 2008 -- inutile de vous répéter tout le bien que je pense du métal jaune... alors je me contenterai l'adage de Simone Wapler : "il y a plus de risques à ne pas avoir d'or qu'à en détenir" !

    Enfin, le dollar commence lui aussi l'année sur une note positive -- hier, il a repris du terrain sur la devise européenne, à 1,3853 $ pour un euro, contre 1,4045 la veille à New York.

    Rappelons que sur l'ensemble de l'année 2008, le billet vert a grimpé de 4,2% par rapport à l'euro. Mais ça, c'était avant des plans de relance à plusieurs centaines de milliards de dollars... des taux directeurs à des niveaux historiquement bas de la part de la Fed... et une probable surchauffe de la planche à billets dans les mois qui viennent ; pendant combien de temps la "vigueur" du dollar pourra-t-elle survivre à de tels assauts ?

    Et maintenant, place à Philippe Béchade, qui nous livre son point de vue sur l'année écoulée...

    Meilleures salutations,

    Françoise Garteiser
    La Chronique Agora


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